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3 questions à François Content sur la jeunesse en difficulté

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Communiqué de presse 5 février 2007

3 questions à François Content, directeur général de la Fondation d'Auteuil

Pourquoi la Fondation d'Auteuil adresse-t-elle aux candidats à la présidentielle une Lettre ouverte sur les jeunes en difficulté ?

Les responsables politiques, comme le monde des adultes en général, semblent paralysés devant la situation des jeunes en difficulté, souvent assimilés à des délinquants.

Depuis 141 ans, la Fondation d'Auteuil a accueilli, éduqué, formé et inséré plus de 120 000 jeunes en grande difficulté. Notre expérience nous permet d'affirmer que ce regard porté sur eux par la société est aussi injuste qu'erroné. Ces jeunes en souffrance – c'est le mot qui convient – cumulent les situations de handicaps sur le plan social, familial, scolaire, culturel. S'en sortir est un défi qu'ils ne peuvent relever seuls. Lorsqu'ils reçoivent l'attention, le professionnalisme, l'apprentissage du respect de soi et de l'autre, une exigence bienveillante ... et du temps, ils s'en sortent remarquablement. C'est cela que nous voulons dire aux candidats : la société ne peut pas les laisser sur le côté de la route puisqu'ils sont notre avenir ! C'est d'ailleurs ce que pensent les Français* : • 83 % considèrent que les jeunes en grande difficulté ne sont pas suffisamment pris en compte dans les propositions des candidats • 93 % pensent que la situation de ces jeunes est inquiétante pour l'avenir de la société. *Sondage quantitatif réalisé par « Opinionway du 23 au 25 janvier 2007 sur un échantillon représentatif de 1025 personnes, interrogées en ligne – document en pièce jointe. Quelles difficultés ces jeunes rencontrent-ils ? Quelques chiffres montrent la gravité de la situation : • 160 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans qualification1. • Plus de 2 millions d'enfants vivent en France sous le seuil de pauvreté2. • Près de 100 000 mineurs sont considérés comme étant en risque ou en danger3. Ces jeunes vivent des souffrances familiales et sociales. Ils peuvent être issus d'une famille en détresse (conflit, maladie, chômage, pauvreté...), être victimes de maltraitances, en prise avec un environnement délinquant ou parfois orphelins de père ou de mère. Ces souffrances engendrent souvent l'échec scolaire, mais aussi de fortes carences affectives, des troubles du comportement (absence de repères, isolement, dépression, agressivité). L'échec ou l'exclusion scolaires sont la partie la plus visible. A 11, 13 ou 14 ans, il faut leur apprendre à apprendre, apprendre à s'exprimer, à lire, à compter. Des dispositifs adaptés sont indispensables, dans lesquels il faut davantage compter les succès que les erreurs. Petit à petit, ils reprennent confiance en eux. Contrairement à une idée reçue, les familles ne sont pas « démissionnaires ». Elles ne savent tout simplement pas comment éduquer leurs enfants, car elles souffrent d'exclusion sociale et manquent elles-mêmes de repères et d'appui. 2 Quelles propositions soumettez-vous aux candidats ? Parmi nos propositions, nous leur disons qu'il y a urgence à :

  • Agir beaucoup plus tôt auprès des enfants et des familles en difficulté, grâce à des services multi-accueil pour la petite enfance (crèches sociales et haltes-garderies pour les petits jusqu'à 4 ans), complétés par un accompagnement des parents. Pour les plus grands, des internats éducatifs et scolaires permettront d'assurer un indispensable suivi éducatif, avec la pleine participation des parents.
  • Affirmer une politique de soutien à la famille Sortons du clivage entre droit des parents et droit des enfants. L'un et l'autre doivent être pris en considération, l'enfant demeurant le plus vulnérable. Aujourd'hui toutes les catégories de famille rencontrent des difficultés dans l'éducation de leurs enfants. La mise en place d'un dispositif large et universel de soutien à la responsabilité parentale nous paraît être un devoir politique.
  • Mieux utiliser les fonds consacrés à la jeunesse en difficulté Des millions d'euros ont été consacrés à la politique de la ville, à la protection de la jeunesse, à la prévention de la délinquance, mais la situation de la jeunesse en souffrance continue de s'aggraver. Il faudrait davantage, et en amont, impliquer les professionnels de terrain pour obtenir des résultats tangibles. Mais également :
  • Favoriser un véritable suivi éducatif qui s'accommode mal de la rigidité du code du travail.
  • Prolonger la prise en charge des mineurs étrangers isolés au-delà de leurs 18 ans pour qu'ils puissent terminer leur formation.
  • Trouver des nouveaux modes de prise en charge en pédopsychiatrie pour un nombre croissant d'enfants et de jeunes atteints de troubles graves.
  • Favoriser l'innovation dans le domaine social face à la gravité des problèmes rencontrés qui ne peuvent plus se contenter de la reproduction des actions « habituelles » devenues inopérantes. Oui, la situation de la jeunesse en grande difficulté nécessite un véritable traitement. C'est-à- dire une volonté, de l'imagination, du professionnalisme, des moyens humains et financiers. N'oubliez pas les trésors que ces garçons et filles ont en eux. Accordons-leur notre confiance !

1 Chiffres Ministère de l'Éducation nationale. 2 INSEE. 3 Rapport ODAS 2005.




Mots clés : adolescents - elections - etudiant - politique -