communique de presse gratuit

Accueil du site
>
Santé / Médecine
> La santé mentale ne peut être limitée à une psychiatrie sous contrainte et

La santé mentale ne peut être limitée à une psychiatrie sous contrainte et mériterait une loi de santé publique

19655



En sa qualité de gérant d’établissements de santé mentale depuis plus d’un demi siècle, la MGEN sait que le nerf de la guerre est la qualité des soins mis à la disposition des personnes fragilisées. Il apparaît dès lors fort déplacé, voire dangereux, de limiter les problèmes de santé mentale à un problème de trouble à l’ordre public, comme le suggère aujourd’hui le gouvernement.

La santé mentale est un sujet sensible qui requiert une loi de santé publique digne de ce nom

Alors que, selon les résultats d’une enquête alarmante récemment menée par l’ESEMED-EPREMED, plus d’un tiers de la population française interrogée en 2005 aurait souffert d’un trouble mental au cours de sa vie, avec pour certains d’entre eux, des manifestations de troubles psychotiques (3% de la population concernés) et pour une minorité, des troubles de type schizophrénique (moins de 1% de la population concerné), le gouvernement continue de concentrer ses efforts sur les problèmes liés à l’hospitalisation et au soins sous contraintes, bien que ceci ne concerne en réalité qu’une très faible minorité de patients, atteints de pathologies lourdes et les rendant dangereux pour eux-mêmes ou leurs proches avant d’être une menace pour la société.

La psychiatrie ne peut saurait se limiter à ce point de vue réducteur. Il ne faudrait pas passer à côté d’une réalité tout autre : la santé mentale est avant tout un enjeu de santé publique. En ce sens, elle devrait faire l’objet d’une véritable loi qui prendrait en compte le rôle de la société dans la mise en pratique d’actions de coordination et celui des moyens nécessaires pour y parvenir.

La nécessité d’une loi semble d’autant plus vitale qu’il est question de pathologies qui vont bien au-delà de la somatisation et ne placent pas forcément les patients en qualité de demandeurs de soins, puisque la plupart du temps, ils ne sont pas conscients de leur maladie...

Les centres de santé mentale de la MGEN ont été précurseurs en matière de soins psychiatriques en luttant dès le début pour que cette spécialité reste ouverte sur la ville et la société, prenant soin de lier l’action sociale avec la médecine, allant ainsi à l’encontre du modèle asilaire qui, jusque là, choisissait d’enfermer les malades pour leur empêcher tout contact avec la société.

Les progrès de la médecine et des usages ont heureusement validé les choix faits par la MGEN qui n’a de cesse de mettre en avant, avec respect et solidarité, son intérêt circonstancié pour un soin thérapeutique qui privilégie les contacts entre malades et monde extérieur, afin d’éviter toute exclusion.

L’enfermement ne doit pas être banalisé, et le cadre législatif de l’hospitalisation sous contrainte ne doit pas bafouer les libertés individuelles et publiques. Ce cadre législatif doit garantir la protection et l’autonomie des individus. Mais ce projet de loi est déséquilibré, il donne aux préfets des pouvoirs trop importants, tandis qu’il lèse les juges. De plus, il ne favorise pas le lien avec les parties concernées : les patients, leur famille, les médecins traitants, associations, appareils judiciaires et administrations.

Bien qu’une prise en compte des moyens nécessités par la psychiatrie moderne soit primordiale, ce projet de loi fait l’impasse sur un manque de personnel professionnel flagrant, et déploré - à juste titre -, en France. Contribuant avant tout à alourdir considérablement, et de façon irréaliste, certains dispositifs administratifs sans pour autant fournir de moyens complémentaires.