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La datation du Linceul de Turin remise en question

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Selon le journal italien "La Stampa" du 26 janvier 2008, et le valaisien "Le Nouvelliste" du 1er mars 2008, le directeur de l’institut de l’accélérateur radiocarbone d’Oxford, Christopher Bronk Ramsey, vient d’admettre que la datation effectuée en 1988, qui faisait remonter la relique au Moyen-Age, était peut-être fausse. "Nous nous sommes peut-être trompés" a-t-il déclaré au micro de la BBC. Il soulève le fait que les prélèvements auraient été effectués sur des parties du linceul partiellement raccomodées, donc non représentatives du tissu d’origine. En outre, il est conscient que "la relique ne nous est pas parvenue dans un conteneur scellé" : de nombreuses fois manipulé au cours de son histoire, le Linceul a pu subir d’importantes pollutions en matière organique, faussant sa teneur en carbone 14.

En 1988, trois laboratoires (Oxford, Zurich et Tucson) avaient analysé des échantillons du célèbre "Saint Suaire" par la méthode du radiocarbone. Les trois concluaient que le tissu avait été tissé entre 1260 et 1390, et qu’il ne pouvait donc pas s’agir du Linceul ayant enveloppé le corps de Jésus de Nazareth après sa crucifixion.

L’annonce de ce résultat avait créé la surprise, car il était en contradiction avec toutes les autres études faites sur le même objet, et qui le donnaient alors comme authentique. Ces travaux faisaient appel à plusieurs disciplines scientifiques, et ils se poursuivent d’ailleurs encore aujourd’hui. Voici quelques observations faites sur le tissu : image d’un corps humain nettement visible en négatif ; traces de blessures correspondant à une crucifixion ; propriétés tridimensionnelles de l’image ; absence de teinture ; pollens incrustés provenant de Jérusalem ; sang humain collé au tissu ; images de pièces de monnaie antiques sur les yeux ; traces de boue sous les pieds ; lettres inscrites autour du visage ...

D’autres éléments allaient à l’encontre du résultat de la datation proprement dit. Il a d’abord été contesté parce que le protocole d’analyse préalablement défini n’aurait pas été respecté. Ensuite, on a rappelé l’existence d’objets anciens qui "témoignent" de l’existence antérieure du Linceul. Par exemple, un manuscrit du XIIème siècle appelé le Codex de Pray représente correctement le Linceul, ce qui implique qu’il existait déjà au XIIème siècle. Il faut aussi signaler l’existence d’un autre tissu parfaitement identique au Linceul, fabriqué selon les experts dans le même atelier en Israël et dont l’âge antique est attesté. Enfin, une étude faite en 2005 a montré que les échantillons analysés au carbone 14 n’étaient pas d’origine, en se fondant sur l’absence d’un composé végétal, la vanilline, qui met au moins 1300 ans pour disparaître.

La récente déclaration du directeur de l’institut d’Oxford, qui avait participé au travail de datation, risque de faire rebondir le débat entre les tenants et les opposants de l’authenticité. Mais même si elle va dans le sens de l’authenticité, de nombreuses questions restent encore en suspens. Malgré toutes les investigations déjà menées, le Linceul de Turin demeure enveloppé de mystère.




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