Incroyable ! Le vignoble bordelais ne fournit plus assez de rosés pour satisfaire la demande ! Et dans presque toutes les régions viticoles de France, on s’est mis rapidement au goût du jour, y compris en Bourgogne et à Bergerac. En Provence, où on produit pourtant des rouges et des blancs de plus en plus remarquables, les vins rosés représentent encore près de 80 % de la production et, dépassant la seule notion de « vin frais de l’été », commencent à se construire une image plus générale de « vin de vacances » en s’imposant peu à peu dans les stations de sports d’hiver (il est vrai qu’ils se marient plutôt bien aux grands classiques culinaires de la montagne).
Contrairement à ce que l’on croit généralement, les vins rosés ne résultent pas d’un mélange de rouges et de blancs : c’est même strictement interdit (sauf en Champagne, où les vins ne sont considérés achevés qu’après la deuxième fermentation dans la bouteille). Les agents colorants du vin sont contenus dans les peaux du raisin : pour faire du vin blanc, on utilise des raisins à jus blanc qu’on fera macérer sans ces peaux, tandis que pour faire du rouge au contraire on les laissera mélangées au moût de trois à cinq semaines.
Pour faire du rosé, deux solutions : soit on enlève les peaux lorsqu’on a atteint la couleur désirée (comme elle continuera d’évoluer, il faut choisir l’instant très précisément), soit on ne soutire qu’une partie de la cuve (le reste continuant à faire du rouge) et on obtiendra alors un « rosé de saignée » (en Champagne seuls Duval-Leroy, on continue d’utiliser ce procédé). Ainsi leur couleur ne reflète absolument pas leur puissance ou leur charge en alcool, même si elle fait beaucoup pour le plaisir de l’œil. A Bordeaux, on fait encore une autre différence, cette fois entre rosés et clairets : les premiers sont vinifiés « saignés » ou soutirés avant fermentation, comme en Provence, les seconds après.
N’Hésitez pas à boire du vin pour votre vie sociale et vos rencontres. Rien n’est plus raffraichissant qu’un rosé en été.
