Bruno Decaris, interrogé sur le sens de la restauration aujourd'hui nous livre ses réflexions :
« L'architecture appelée à durer n'est pas un art statique mais dynamique, procédant par sédimentations, additions, soustractions, greffes, amputations, toujours destinées à le régénérer. Le monument a pour fin de faire revivre au présent un passé englouti dans le temps. Curieusement, alors que le XIX siècle engage un combat contre la disparition de l'architecture du passé, il invente le monument historique et le fige ainsi à tout jamais de toute nouvelle addition, pourtant si conforme à sa nature profonde et imagine ainsi assurer sa pérennité. Il ne fait que l'embaumer en agissant sur la matière au mépris de son esprit. Depuis le milieu du xixe siècle, nous vivons sur un acquis vaguement amendé par la charte de Venise au courant des années soixante. L'État garantit aujourd'hui en partie cette mission de sauvegarde, essentiellement par la mobilisation de crédits et d'autorisations, mais n'a pas encore entrepris de reposer la question fondamentale traitée en 1840. Aujourd'hui, les conditions économiques amènent ce même État à limiter ses crédits de restauration sans pour autant redéfinir une véritable politique patrimoniale détachée de toute considération immédiate et basée sur des choix profonds et motivés de conservation, de restauration et de mise en valeur. Par conséquent, il apparaît indispensable de préciser avant toute intervention le pourquoi de celle-ci, les enjeux, les objectifs et les moyens nécessaires. »
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